Cette série tourne autour du mot turc éponyme eğreti. Il s’agit là d’un syntagme au champ sémantique très large ce qui le rend, évidemment, impossible à traduire en un unique morphème en français.

Par le biais de ce travail, je me suis évertuée à me réapproprier et à recatégoriser ce mot dont il est fait usage aussi bien pour parler d’objets inanimés que d’êtres vivants, au sens figuré. Cette notion d’eğreti peut s’utiliser au sens réfléchi, pour parler de soi, au sens actif, envers autrui ou la société et même envers la ville, notamment dans une mégalopole aussi distordue qu’Istanbul. Eğreti peut être subi, caché, condamné.

Dans cette série, j’ai cherché à tantôt dévoiler là où se cache eğreti, tantôt la forme que prend celui-ci, tantôt les émotions qu’il a causé chez moi lorsque j’y ai été confronté.

Voici les définitions de ce terme selon le dictionnaire de l’association de la langue turque (TDK).

1. adjectif relatif à ce qui est temporaire, passager, ponctuel.

2. adjectif relatif à ce qui n’est pas bien en place, à ce qui cherche sa place, branlant, bancal, vacillant, de travers

3. adjectif relatif à la prothèse

4. adjectif relatif à ce qui est incertain, imprécis

5. adjectif relatif à ce qui est inadapté, inapproprié

6. adverbe de manière branlante, bancale, vacillante, inadaptée, inapropriée

7. adverbe faite à la va-vite, sans sérieux

Cacher une situation, un objet ou une personne eğreti parmi nous, ignorer celui-ci ou encore le considérer de manière excessivement positive jusqu’à, en d’autres mots, le discriminer est en soi encore une fois eğreti.